Les avantages et les inconvénients de la journée de carence dans la fonction publique

Bureau public avec agents et poste vide en journée

Un salarié du secteur privé voit sa rémunération suspendue dès le premier jour d’arrêt maladie. Dans la fonction publique, ce mécanisme a longtemps échappé à la règle, jusqu’à la réintroduction du jour de carence en 2018. Pourtant, l’application de cette mesure n’est ni uniforme ni systématique.

Certains agents bénéficient d’exceptions selon la nature de leur maladie ou leur statut. Les débats persistent autour de l’efficacité et de l’équité du dispositif, mettant en lumière des disparités avec le secteur privé sur la gestion des arrêts maladie.

Le jour de carence dans la fonction publique : de quoi parle-t-on exactement ?

Depuis la loi de finances pour 2018, la journée de carence s’impose aux agents publics en arrêt maladie. Concrètement, dès le premier jour d’un congé pour raison de santé, la rémunération s’arrête net. Cette règle concerne tout le monde, qu’il s’agisse de la fonction publique d’État, hospitalière ou territoriale. Quelques exceptions subsistent cependant, notamment pour la maternité ou certains accidents du travail.

L’idée derrière cette carence dans la fonction publique ? Mettre les agents publics au diapason du secteur privé, où ce dispositif existe depuis longtemps. Mais le débat n’a jamais cessé : chaque nouvelle discussion parlementaire sur la loi de finances remet la question sur la table. Les syndicats dénoncent une mesure injuste et pénalisante, tandis que les partisans réclament plus de responsabilité pour les agents et une modération des dépenses publiques.

La vraie interrogation demeure : le délai de carence a-t-il vraiment un effet sur l’absentéisme ? Les statistiques du ministère de la Fonction publique sont analysées à la loupe. À chaque annonce d’un possible allongement du délai de carence, la contestation gronde. Agents et gestionnaires des ressources humaines naviguent dans un cadre réglementaire mouvant, hérité de multiples réformes successives.

Quels droits pour les agents publics en arrêt maladie ?

Lorsqu’un agent public tombe malade, il entre dans un processus strict, encadré par le statut général de la fonction publique. Dès le signalement de l’arrêt, le congé de maladie ordinaire s’active, mais la rémunération saute pour ce premier jour, en vertu de la règle instaurée en 2018. Dès le deuxième jour, le salaire revient, sous réserve que le certificat médical soit transmis dans les délais impartis.

Pour faire face à ces situations, la protection sociale complémentaire prend de l’ampleur. Elle peut compenser, partiellement ou totalement, la perte de salaire engendrée par la carence, selon les garanties choisies par l’agent. Certaines collectivités mettent aussi en place des aides spécifiques, en particulier pour les agents en situation de fragilité.

Voici un aperçu des différences de droits selon le type de maladie ou d’arrêt :

  • Congé de longue maladie ou de longue durée : réservé aux pathologies graves, il ouvre droit à un régime de rémunération spécifique, sans application de la carence.
  • En cas d’accident de service ou de maladie professionnelle, l’agent est indemnisé dès le premier jour, sans délai de carence.

Pour les services des ressources humaines du secteur public, la gestion des arrêts maladie exige une vigilance constante. Suivi des absences, prévention des risques psychosociaux, accompagnement du retour au travail : tout doit être anticipé. Les règles évoluent sans cesse, cherchant à trouver l’équilibre entre la protection des agents et la maîtrise des finances publiques.

Avantages et limites : ce que change vraiment la journée de carence au quotidien

Depuis 2018, la journée de carence dans la fonction publique alimente discussions et oppositions. L’objectif affiché : renforcer la responsabilité des agents publics face aux arrêts maladie de courte durée. Après la mise en place du dispositif, les chiffres officiels montrent une légère baisse des absences d’un jour. Les gestionnaires y voient un frein efficace à la multiplication de ces arrêts, avec près de 170 millions d’euros économisés en 2022 sur le budget de l’État.

Mais les failles du système apparaissent vite. Les enquêtes soulignent que la mesure ne touche pas les arrêts longs, souvent liés à des problèmes de santé graves ou à des risques psychosociaux. Les syndicats, eux, dénoncent une sanction déguisée pour les agents malades. Dans les faits, la perte de salaire du premier jour pèse surtout sur les personnels précaires.

Pour mieux saisir ce que la journée de carence implique, voici les principaux points à retenir :

  • Avantage financier pour l’État : baisse des coûts liés à l’absentéisme de courte durée.
  • Limite sociale : sentiment d’injustice pour ceux qui subissent une maladie imprévisible.
  • Effet limité sur la gestion des ressources humaines : les causes profondes des arrêts longs restent inchangées.

Le délai de carence n’est pas généralisé à toutes les situations : les accidents de service, les maladies professionnelles et les congés de longue maladie échappent à cette règle. Au quotidien, les directions et les ressources humaines ajustent leur accompagnement, jonglant entre contraintes budgétaires et attentes sociales.

Femme pensante à la maison travaillant le matin

Fonction publique et secteur privé : des règles identiques ou des différences notables ?

La journée de carence ne concerne pas uniquement les agents publics. Depuis 2008, le secteur privé applique lui aussi un délai de carence lors d’un arrêt maladie. Mais la comparaison révèle ses limites : trois jours sans indemnités pour le privé, un seul pour la fonction publique. Ce décalage saute aux yeux, mais la réalité sur le terrain se révèle plus nuancée, car conventions collectives et accords d’entreprise viennent parfois compenser partiellement ou totalement ce manque à gagner.

Dans le service public, l’application est plus homogène. Tous les fonctionnaires et contractuels sont soumis à un jour de carence, sauf pour les arrêts liés à un accident de service ou une maladie professionnelle. Les représentants syndicaux dénoncent une mesure discriminante, alors que d’autres la justifient par souci d’équité avec le privé. Pourtant, dans la pratique, un agent public isolé subit moins durement la carence qu’un salarié du privé non couvert par une complémentaire.

Pour mieux comparer, voici les différences principales entre public et privé :

  • Dans le secteur privé : trois jours de carence, avec des compensations fréquentes selon les accords collectifs.
  • Dans la fonction publique : un jour de carence, sans compensation sauf exceptions prévues par la loi.

En réalité, chaque configuration s’ajuste selon l’environnement. Les employeurs publics appliquent la règle telle qu’elle figure dans les textes, alors que le secteur privé négocie des adaptations par le biais des accords collectifs. Au final, derrière l’apparente égalité, de vraies disparités subsistent entre les deux mondes. La frontière n’est jamais aussi nette qu’elle y paraît.

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